2ème partie d’extraits de la conférence de Martin Heidegger.
L’œuvre d’art est toujours prise dans un rapport avec autre chose et n’est pas saisie à partir d’elle même: elle est soit considérée comme être-produit par l’artiste, soit en tant qu’être-objet pris en charge par le marché de l’art (Kunstbetrieb)
Mais est-il possible de comprendre une chose à partir d’elle-même, en dehors de tout rapport? Car la compréhension reste une forme de rapport.
La tentative d’extraire l’œuvre de tout rapport ne vise-t-elle pas à rencontrer directement l’essence de l’œuvre elle-même?
Assurément, car alors, l’œuvre se manifestera (offenbarsein) en tant qu’œuvre.
L’œuvre signifie l’être-manifesté (Offenbarsein).
Toute la question est de savoir ce que veulent dire ici manifestation et ouverture (Öffentlichkeit).
On entend par là le lieu où l’œuvre « fait effet » (« wirkt), où elle est portée à se tenir dans l’ouvert. ( ins Offene hinaussteht ).
Celui-ci n’est rien de palpable que l’on puisse atteindre, comme une lettre atteint son destinataire.
Au contraire, dans l’être-manifeste de l’œuvre s’obtient pleinement ( erwirkt sich), pour la première fois l’ouverture de l’œuvre .
Et là où cette ouverture a lieu, l’oeuvre détruit tout rapport.
Et c’est à cette capacité de destruction que se mesure la grandeur d’une œuvre d’art.