Interview de Norbert Engel (partie 4)

Parallèlement à tes œuvres selon un procédé usuel (tableaux sur toiles) tu t’es lancé dans la peinture par un moyen informatique

En peinture l’évolution du peintre correspond-elle à l’évolution des attentes du public ?

Pourquoi cette direction nouvelle ?

Est ce que la sensualité du pinceau de la peinture qui s’étale, ne te manque pas dans cette manière de travailler la couleur ?

Ces deux dernières questions me donnent l’occasion de répondre à la question « comment peindre? »

acrylique ou numérique?

Lors de ma visite de l’exposition à Beaubourg du peintre David Hockney en 2017 j’ai découvert la peinture sur IPad et j’ai eu envie de tester ses potentialités.

Il faut une période d’adaptation à l’outil, en particulier faire le deuil des sensations classiques de la peinture sur la toile qui n’existent plus.

Il y a aussi les fameuses taches qui ne tombent plus du ciel.

On n’a plus cette sensation d’espace à conquérir et d’appel face à une toile blanche.

En revanche la technique numérique apporte d’abord la possibilité d’avoir une palette de couleurs absolument illimitée avec mêmes des couleurs très vives.

De plus la possibilité de transposer directement toutes les couleurs naturelles existantes est un avantage extraordinaire, car le peintre classique ou bien se contente de couleurs pures et dans ce cas a une palette forcément limitée ou est obligé de faire des mélanges de teintes en fonction de règles précises.

Avec le digital on peut explorer des images qui existent au travers de fichiers numériques.

On peut faire des photomontages. Par exemple je vais faire une oeuvre numérique dont le titre sera « le fantôme de l’artiste ». J’y représenterai symboliquement l’artiste qui investit totalement son oeuvre. Pour ce faire je photographie le tapis de sol sur lequel ont été peintes un certain nombre de toiles. Sur ce tapis jonché de taches de peintures, vestiges de nombreux travaux de peinture, est posée une paire de chaussure du peintre.

Cette photo agrandie en grand format 130 *162 est collée sur un matériau dur et rigide comme l’aluminium ou sur une toile montée sur châssis et cette dernière, quand c’est bien fait, peut tromper l’ennemi comme on dit 🙂

Voilà entre autres le genre d’amusement et de fantaisies créatrices que permet le numérique.

Autre avantage pour l’amateur, c’est la possibilité d’acquérir l’oeuvre dans le format qu’il désire: S,M,L ou XL.

On peut travailler en édition limitée à 8 exemplaires, ce qui fait baisser le prix d’acquisition.

Si je me trouve en dehors de l’atelier par exemple, ou en voyage par exemple l’IPad est parfait, car il permet d’emporter avec soi toutes les couleurs du monde, bien plus que dans la plus riche des palette de peintre classique.

Les mains restent toujours propres, c’est un avantage non négligeable 🙂

Au niveau de la « Faktura » comme disaient les anciens, certains pourraient regretter l’absence de texture de la représentation.

En fait je vais tester lors de ma prochaine exposition Art Shopping au Carrousel du Louvre le mois prochain les réactions du public. Ce sera une première!

Mais en aucun cas j’abandonnerais la toile pour l’IPad  et inversement.

Désormais, de la toile à l’IPad et de l’ipad à la toile, je suis, je peins.