LA RÉALITÉ EST EN GRANDE PARTIE AFFAIRE D’HABITUDE

« Le physicien tient son monde pour réel, il attribue les suppressions, additions, irrégularités et accentuations des autres versions aux imperfections de la perception, aux urgences de la pratique ou à la licence poétique.

Le phénoménaliste tient le monde de la perception pour fondamental, et les suppressions, abstractions, simplifications et distorsions des autres versions résultent d’intérêts scientifiques, pratiques ou artistiques.

Pour l’homme de la rue, les versions des sciences, de l’art, et de la perception, s‘écartent du monde familier et commode qu’il s’est construit de bric et de broc avec des morceaux de tradition scientifique et artistique et où il lutte pour sa propre survie.

Le plus souvent, c’est ce monde qu’on juge réel; car la réalité dans un monde, comme le réalisme dans une peinture, est en grande partie affaire d’habitude. »

Nelson Goodman