Un jour avec de tristes pensées:
- à quoi bon tout cela?
- suis-je vraiment un peintre?
- pourquoi je peins?
- pour quoi je peins?
- pour qui je peins?
Je me suis dis que la meilleure manière d’arrêter ces pensées noires était peut-être de me mettre à les peindre.
Observer les couleurs et leurs effets.
Sortir un grand châssis tendu d’une toile blanche qui sentait l’huile de lin.
Ressentir à partir de cet instant le ralentissement de l’écoulement du temps.
Laisser s’installer le charme mystérieux de la blancheur de la toile, sa lascivité, son calme contagieux mais préfigurant peut-être de futurs corps à corps dans notre terrain de jeu.
Laisser naître une émotion venant de très loin; comme un appel d’une Lorelei invisible invitant, à se mettre à nu en se libérant de tout ce que nous sommes, de tout ce que nous savons, à se jeter à l’eau et à nager vers elle.
Se libérer du connu pour aller vers l’inconnu.
Laisser venir une nouvelle nage avec de nouveaux gestes engendrant de nouvelles formes.
Laisser s’échapper des cris de joie en voyant les choses se faire d’elles même.
Tout est seulement à découvrir et à contempler, il n’y a rien d’autre à faire.
Le voyage intérieur de ce jour là m’a un peu fatigué mais il m’a rendu heureux en me faisant redécouvrir que tout cela était bon, que peindre engendrait une libération du temps et permettait d’accéder à cet état de grâce qui s’appelle la pensée joyeuse.